Quand le déluge s’apaise enfin, il serait temps de sortir de la forêt pour ne pas s’y laisser surprendre par la nuit. Mais nous étions presque arrivés au Bayon, le sanctuaire le plus ancien d’angkor et célèbre pour ses tours aux quatre visages ; à travers la futaie semis obscure, on l’aperçoit d’ici, comme un chaos de rochers, Allons quand même le voir.
En pleine mêlée de ronces et de lianes ruisselantes, il faut se frayer un chemin à coups de bâton pour arriver à ce temple. La foret l’enlace étroitement de toutes parts, l’étouffe et le broie ; d’immenses « figuiers des ruines », achevant de le détruire, y sont installées partout jusque »au sommet de ses tours qui leur servent de piédestal. Voici les portes ; des racines, comme des veilles chevelures, les drapent de mille franges ; à cette heure déjà tardive, dans l’obscurité qui descend des arbres et du ciel pluvieux, elles sont de profonds trous d’ombre devant lesquels on hésite. A l’entrée la plus proche, des singes qui étaient venus s’abriter, assis en rond pour tenir quelques conseil, s’échappent sans hâte et sans cris ; il semble qu’en ce lieu le silence s’impose. On n’entent que de furtifs bruissements d’eau : les feuillages et les pierres qui s’égouttent après l’averse.
Le guide cambodgien insiste pour partir ; nous n’avons pas de lanternes à nos charrettes, dit-il, et il faut rentrer avant l’heure du tigre...
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