Sunday, July 14, 2013

Et un autre ami m'a écrit


Ecrivain et membre du Centre de recherches sur les arts et le langage, Christian Salmon avait importé, en 2007, la notion américaine de "storytelling", ou l'art de substituer le récit à l'action politique. Avec La Cérémonie cannibale, il estime, désormais, que la communication politique ne vise plus seulement à formater le langage, mais à transformer l'homme d'Etat en objet de consommation.
Votre dernier livre s'intitule "La Cérémonie cannibale". Que signifie cette expression ?
Elle désigne la nouvelle scène du politique. Le drame qui s'y joue n'est rien d'autre que la dévoration de l'homme politique tel que nous le connaissions depuis deux cents ans. Sous l'effet conjugué des politiques néolibérales et de la révolution de la communication, la scène politique s'est déplacée des lieux traditionnels de l'exercice du pouvoir vers ces lieux de performance que sont les médias en continu, Internet et les réseaux sociaux. Le temps long de la délibération démocratique a cédé la place au temps réel des chaînes d'info en continu. L'homme d'Etat se présente désormais moins comme une figure d'autorité que comme un objet de consommation, un personnage de série télévisée soumis à une obligation de performance.
En quoi consiste cette performance ?
C'est une performance complexe qui ne consiste pas seulement à raconter une histoire, mais à maîtriser l'agenda des médias, à cadrer le débat public par le jeu des métaphores et des éléments de langage, et surtout à "créer le réseau" c'est à dire un espace qui permet de diffuser les messages et de les rendre contagieux pour enflammer l'Audimat. (...)

Le Monde, 14-15 de julho

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