Sunday, July 14, 2013

Un ami m'a dit


La toute dernière mission grecque de la Troïka montrant qu’elle n’a qu’une seule réponse à ce genre de situation – la poursuite et l’approfondissement des mesures d’austérité et des réformes structurelles – le sort qui attend les portugais semble réglé. Ce qui ne l’est pas, c’est la contrepartie encore à trouver afin de poursuivre un soutien financier faute duquel le pays s’écroulera. Dans le cas de l’Irlande, on a parlé d’une ligne de crédit permanente sur laquelle il pourrait être tiré sous condition. Dans celui de la Grèce, une nouvelle restructuration de la dette est sur toutes les lèvres mais cette perspective n’est envisagée que pour dire qu’elle n’est pas concevable (sauf par le FMI). Tout au plus pourrait-on accorder des facilités de remboursement aux prêts déjà effectués, en modifiant le calendrier des versements. Ce qui pourrait être aussi accordé au Portugal, mais ne réglerait également rien car esquivant l’essentiel : l’insolvabilité de ces deux pays au regard du montant de leur dette.
Quelle seraient les conséquences d’une restructuration avec décote ? D’après la Deutsche Bank, la dette publique portugaise serait actuellement d’environ 200 milliards d’euros, avec comme créanciers la Troïka (86 milliards, soit 43%), les banques et assurances du pays (70 milliards, soit 35%) et des investisseurs étrangers (44 milliards, soit 22%). Les États européens et le FMI subiraient donc le plus les conséquences d’une décote, suivis des banques et assurances du pays. Dans le premier cas, cela sonnerait le glas des interventions du FMI (ce qui semble avoir déjà été décidé par anticipation) et infligerait de sérieuses pertes aux créanciers publics européens, et dans le second cela obligerait à renflouer les banques du pays. C’est pourquoi toute restructuration de cette nature est refusée, impliquant des pertes politiquement elles aussi insoutenables.
Pour parachever le tableau, les banques seraient également atteintes, espagnoles d’abord, françaises et allemandes également, les premières n’ayant pas vraiment besoin de cela ! Devant ce scénario, qui est pourtant le seul possible, il va donc être temporisé, accentuant encore la situation désastreuse du Portugal, désormais sur les brisées de la Grèce et partageant son destin. Pour un bon élève hier encensé, quelle dégringolade qui en dit long sur la qualité du système d’évaluation et la persévérance à se voiler la face !
(François Leclerc, no blog de Paul Jorion)

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