Tuesday, July 30, 2013

A propósito das reformas dos impostos sobre rendimentos do capital


La « machine à concentrer la richesse »
Dans un discours prononcé à Washington le 15 mai 2013, Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international, signalait que 0,5% de la population mondiale détenait plus de 35% de la richesse du globe. Aux États-Unis, on comptait au même moment que les 1% les plus riches de la population détenaient 43% du patrimoine, alors que les 50% les moins nantis en étaient réduits à se partager 2% seulement de ce même patrimoine ; la richesse d’une partie non-négligeable de cette moitié déshéritée de la population étant bien entendu négative : une portion de ces 50% en est réduite à « devoir » de l’argent à quelqu’un.
Une part du taux d’intérêt réclamé par un prêteur à un emprunteur est donc cette « prime de liquidité », conséquence de ce qu’on pourrait appeler l’effet statistique diffus de la répartition inégale du patrimoine au sein de la population. Il existe un second effet, lié à l’identité spécifique de l’emprunteur, mais dû lui aussi à l’hétérogénéité de la répartition du patrimoine au sein de la population : la « prime de crédit », réclamée par le prêteur et intégrée au taux d’intérêt exigé par lui pour refléter le risque existant que les intérêts promis ne soient jamais versés, voire, et plus sérieusement encore, que l’emprunteur fasse défaut, c’est-à-dire échoue à rembourser la somme empruntée, en tout ou en partie.
Lorsqu’est conclu un contrat à terme, portant sur une opération où la transaction intervient à un moment t(et où le versement de la somme agréée ou une portion conventionnelle de celle-ci intervient) mais où la livraison du bien ou service aura lieu avec un certain retard : au moment t + n, le rapport de force entre les parties en présence trouve son expression dans l’addition au sein du taux d’intérêt exigé, d’une part de la prime de liquidité (reflet du rapport de force existant à un niveau collectif entre prêteurs et emprunteurs sur le marché des capitaux) et d’autre part de la prime de crédit (reflet du rapport de force spécifique entre le prêteur individuel et l’emprunteur individuel en présence).
Lors d’une opération au comptant, l’élément « durée », le prix à payer pour le délai qui interviendra avant la livraison lors d’une opération à terme, est absent, et c’est le profit exigé de l’acheteur par le vendeur qui exprime le rapport de force instantané existant entre eux au moment de la transaction.
Deux contreparties sont en présence : un acheteur et un vendeur dans la vente au comptant ou à terme, et un prêteur et un emprunteur dans le prêt ; un profit apparaît dans la vente, et un flux d’intérêts est versé dans le prêt. Quoi qu’il en soit, une somme aura été dégagée, comme profit ou comme intérêts, qui viendra alimenter la « machine à concentrer la richesse » fonctionnant en arrière-plan mais de manière constante dans nos économies.
À terme, la concentration de la richesse en vient à gripper la machine économique quand le pouvoir d’achat de la population s’avère insuffisant pour que les sommes disponibles à l’investissement puissent effectivement s’investir dans la production de marchandises et de services. Quand cela devient le cas, les fonds en excès se déplacent par nécessité (pour éviter leur dépréciation du fait de l’inflation) vers la spéculation et ne contribuent plus qu’à une seule chose : au dérèglement du mécanisme de formation des prix, un prix « spéculatif » étant, comme chacun le sait, sans même devoir être économiste, un prix sans rapport avec ce qu’on appelle le « fondamental » de la chose, marchandise ou service, à savoir la somme des prix de ses constituants.
Il existe des moyens légaux et fiscaux permettant de décourager ou d’encourager au contraire la machine à concentrer la richesse. Il est possible de la décourager, par exemple, en imposant moins le travail que les gains du capital que sont le profit et les flux d’intérêts, ou au contraire l’encourager en procédant à l’inverse. Pour une raison qui défie l’entendement, la Belgique a choisi la deuxième branche de l’alternative : favoriser les gains du capital par rapport à ceux du travail, inscrivant le grippage inéluctable et du coup récurrent de la machine économique dans la constitution fiscale même de la nation.
(Paul Jorion)

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